Dans les métiers de l’éducation, de la santé ou de la protection de l’enfance, les équipes sont souvent confrontées à des situations exigeantes, où la pression et l’émotionnel pèsent sur les relations. Pourtant, un constat revient souvent : « On parle de respect, de communication, de confiance… mais chacun y met un sens différent. »Résultat : des malentendus, des frustrations, et un stress qui s’installe. Pour éviter cela, il ne suffit pas de définir des valeurs ou des règles générales. Il faut aller plus loin : se demander concrètement de quoi chacun a besoin pour se sentir en sécurité et pleinement à sa place dans l’équipe. Voici comment faire, et pourquoi cette approche change tout..
1. Les concepts abstraits ne suffisent pas
a. Le piège des mots-valises
Des termes comme « respect », « communication » ou « confiance » sont souvent utilisés dans les chartes d’équipe. Pourtant, leur interprétation varie d’une personne à l’autre :
- Pour l’un, « respect » signifie « ne pas m’interrompre en réunion ».
- Pour un autre, cela veut dire « reconnaître mon expertise devant les partenaires ».
- Pour une troisième, c’est « me prévenir en cas de changement de planning ».
Conséquence : Malgré les bonnes intentions, les tensions persistent, car les attentes réelles ne sont pas exprimées.
b. L’impact des non-dits sur le stress
Quand les besoins individuels ne sont pas clarifiés :
- Les membres de l’équipe se sentent incompris, voire invisibles.
- Les conflits naissent de décalages entre ce que l’on croit offrir et ce que l’autre attend réellement.
2. L’importance d’exprimer ses besoins concrets
a. Passer du concept à la pratique
Plutôt que de s’arrêter à des principes généraux, il faut creuser :
- « De quoi ai-je besoin, concrètement, pour me sentir en sécurité et à ma place dans cette équipe ? »
- « Qu’est-ce qui, dans les comportements ou les processus, me permet de travailler sereinement ? »
Exemples de besoins concrets (selon les métiers) :
- « J’ai besoin qu’on me prévienne 24h à l’avance si mon planning change, pour organiser ma vie personnelle. »
- « J’ai besoin qu’on me donne un retour après une intervention difficile, pour savoir si j’ai bien agi. »
- « J’ai besoin qu’on utilise des mots simples et directs en réunion, sans sous-entendus. »
- « J’ai besoin qu’on me laisse 5 minutes pour me préparer avant une annonce importante. »
b. Un exercice libérateur : l’expression individuelle des besoins
Proposez à chaque membre de l’équipe de lister 2 ou 3 besoins concrets qui, s’ils sont comblés, lui permettront de se sentir en confiance. Puis, partagez ces listes en groupe pour :
- Identifier les points communs (ex : besoin de transparence sur les décisions).
- Repérer les divergences à discuter (ex : besoin de silence vs besoin d’échanges informels).
- Co-construire des réponses adaptées.
Résultat : Une équipe où chacun se sent vu, entendu et légitime.
3. Comment organiser cette démarche en équipe ?
a. Un atelier en 3 étapes
- Temps individuel (10 min) :
- Chacun note ses besoins concrets sur des post-it (anonymes si besoin).
- Mise en commun (20 min) :
- Regroupez les post-it par thèmes.
- Discutez des besoins qui reviennent souvent, et de ceux qui surprennent.
- Co-construction de solutions (30 min) :
- Pour chaque besoin identifié, trouvez une action concrète à mettre en place.
- Exemple :
- Besoin : « Savoir que mon travail est reconnu. »
- Solution : « Instaurer un tour de table en fin de réunion pour remercier une personne ou souligner une action positive. »
b. Formaliser et s’engager
- Intégrez ces besoins et solutions dans votre charte d’équipe.
- Exemple de formulation :
« Nous nous engageons à :- Prévenir chaque membre 24h avant un changement de planning (sauf urgence).
- Donner un retour systématique après une intervention complexe (oral ou écrit, selon la préférence de chacun).
- Utiliser un langage clair et direct, sans ironie ni sous-entendus. »
4. Exemple : une équipe soignante en Ehpad
Problème : Les aides-soignantes se plaignent de ne pas être écoutées lors des transmissions, ce qui génère des erreurs et de la démotivation.
Solution co-construite :
- Besoin exprimé : « J’ai besoin qu’on me pose des questions sur mon ressenti après une situation difficile avec un résident. »
- Action mise en place :
- Un temps de « débriefing bienveillant » est ajouté après chaque situation tendue.
- Un tableau est affiché en salle de pause pour noter les besoins du jour (« Aujourd’hui, j’ai besoin de… »).
Impact : Meilleure écoute, réduction des erreurs, et sentiment d’être soutenu.
Conclusion
Pour éviter les tensions et le stress en équipe, les concepts ne suffisent pas. Il faut oser demander et exprimer concrètement ce dont on a vraiment besoin.
Cette démarche, à la fois simple et profonde, transforme la dynamique d’équipe : elle replace l’humain au centre, réduit les malentendus, et crée un environnement où chacun peut s’épanouir – et donc mieux accompagner les publics fragiles.
Question pour votre équipe : « Et vous, de quoi auriez-vous besoin, concrètement, pour vous sentir pleinement à votre place ? » Partagez vos réponses en commentaire, ou lancez la discussion avec vos collègues !
En pratique
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